
Avoir la main noire




Black Dynamite, Scott Sanders, 2009, 84' (Etats-Unis)
La séance aura lieu le mardi 2 décembre à 20h30 et sera présentée par Claudine Raynaud Coudrin, professeur au Département d'études anglophones de l'Université Paul-Valéry, laquelle a dirigé des travaux dans le domaine des études noires américaines.
Synopsis :
Maître de kung-fu, proxenette à ses heures perdues, agent pour la CIA et vétéran du Vietnam, Black Dynamite est une véritable légende vivante. Mais lorsque son frère Jimmy est mystérieusement assassiné, c’est la ville de Los Angeles toute entière qui va être retournée, jusqu’à ce que justice soit faite. Trafic de drogues, orphelins menacés, romance et conspiration nationale sont les ingrédients de cette comédie rocambolesque qui rend hommage à la Blaxploitation.
Pourquoi ce film ?
Black Dynamite est un film hors norme de par son esthétique entièrement empruntée à la Blaxplotation des années 1970 : un hommage au genre pour les initiés mais aussi une formidable porte d’entrée pour les néophytes. Black Dynamite se démarque toutefois de la Blaxploitation dont les films étaient souvent limités économiquement parlant. En effet, réalisé en 2010, soit une quarantaine d’années après la naissance du genre, Black Dynamite bénéficie d'un budget confortable et s'inscrit dans un contexte socio-politique tout à fait différent. Au-delà de son intertextualité, ce film est tout simplement une comédie unique avec un fil narratif extravagant traité au second degré mêlant action, investigation et parodies dans un délicieux fouillis. Ajoutez à cela une bande son qui emprunte ses aspirations au jazz, à la soul et au funk, et vous obtiendrez la recette de l’objet audiovisuel non identifié qu’est Black Dynamite. Le réalisateur Scott Sanders a bel et bien ici « la main noire » en matière de cinéma et de musique afro-américaine.
« Savez-vous seulement qui est son frère ? » crie l'inspecteur de police en identifiant le cadavre de Jimmy sur le sol. « Ce quartier va être complètement retourné, le sang coulera jusqu'à ce que cet homme obtienne vengeance… et je parle d'un homme qui est une armée à lui seul… » Notre héros prénommé "Black Dynamite" est en effet un homme de plus d'1 mètre 90 à la masse musculaire impressionnante, maître de kung-fu, proxenette à ses heures perdues, agent pour la CIA et vétéran du Vietnam, soit une véritable légende vivante qui s'oppose au trafic de drogue, à l'injustice politique et bien sûr à l'oppression de ses frères par "The Man". Mais lorsque son frère Jimmy est mystérieusement assassiné, c’est la ville de Los Angeles toute entière qui va être retournée, jusqu’à ce que justice soit faite. Le mythe du surhomme n'est pas très original, si ce n'est qu'il est ici afro-américain. Black Dynamite va en effet plus loin. Il s'agit d'une parodie où la moindre scène fait référence à un cinéma américain très caractéristique, celui de la Blaxploitation. Ce mouvement cinématographique est né dans les années soixante-dix chez les Noirs d'Amérique du Nord qui sont lassés de voir leur communauté servir uniquement de faire-valoir dans le cinéma Hollywoodien. Certains cinéastes s’attellent donc à mettre en scène des hommes de couleur libres qui prennent leur destin en main. Quarante ans plus tard, en 2010, Black Dynamite leur rend hommage en revisitant tous les ingrédients de l'époque pour notre plus grand plaisir. Black Dynamite est une comédie rocambolesque au second degré, truffée de personnages attachants, de punchlines en rime, de combats funky chorégraphiés à l'ancienne et d'effets spéciaux bon marché... L'occasion rêvée pour les novices comme pour les connaisseurs de (re)découvrir le genre méconnu et pourtant culte de la Blaxploitation.
Gazette Utopia

