
Être fleur noire




Les Noces funèbres (Corpse Bride), Tim Burton et Michael Johnson, 2005, 78', animation fantastique, (États-Unis).
La séance aura lieu le mardi 3 mars à 20h30 et sera présentée par Maïté Doligez, directrice du festival international du film d'animation de Baillargues (2007-2013).
Synopsis :
Victor, un jeune homme candide, est contraint par ses parents à épouser Victoria, issue d’une famille noble mais ruinée. Entre les deux promis c’est le coup de foudre mais, victime de sa maladresse, Victor se retrouve malgré lui uni à Emily, une mariée cadavérique. Celle-ci l’entraîne contre son gré chez elle, dans le monde des morts, étonnement bien plus festif et chaleureux que celui des vivants d’où il vient. C'est un triangle amoureux entre la vie et la mort rythmé par l’ambiance contrastée des deux univers.
Pourquoi ce film ?
Notre séance s'intitule « Être fleur noire » car avec Les Noces funèbres, Tim Burton met en scène une histoire d’amour dans laquelle la mort vient s’interposer. La relation amoureuse oscille en effet entre les deux univers, bercée par une esthétique cynique qui présente un monde des morts plus vif que celui des vivants.
Il s’agit par ailleurs d’un film d’animation, le seul de la saison 2014-2015, ce qui a confirmé notre choix puisqu’il permet d’aborder notre thème commun « Noir » sous un angle fantastique peut-être moins oppressant. Bien que ce genre soit le plus souvent destiné au jeune public, Tim Burton propose ici une comédie dramatique avec des thèmes forts tels que celui du mariage forcé qu’il traite avec humour et délicatesse dans un film qui s'adresse donc aussi bien aux enfants qu’aux adultes.
Les Noces Funèbres
Réalisé par Tim Burton et Mike Johnson - États-Unis 2005 - Avec Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Emily Watson, Tracey Ullman, Richard E. Grant, Christopher Lee...
Scénario de John August, Caroline Thompson, Pamela Pettler, Tim Burton et Carlos Grangel
« Un cœur qui a cessé de battre peut-il encore se briser ? »
C'est l’une des questions que nous pose Tim Burton dans son deuxième long-métrage d’animation. Douze ans après L’étrange Noël de M. Jack , Burton co-réalise avec Mike Johnson un film de nouveau entièrement animé en stop-motion, technique consistant à animer image par image des marionnettes dans des décors rigides, et de laquelle le réalisateur semble être passé maître. Mais attention, si pour vous cinéma d’animation rime inéluctablement avec simple divertissement et happy end pseudo moralisateur, vous risquez de revoir vos a priori après ce film.
Ce film nous raconte l’histoire de Victor Van Dort, un jeune homme riche promis à Victoria, quant à elle fille de petite noblesse dont les parents sont ruinés. On pourrait à juste titre s’attendre à un film remettant en cause le mariage forcé, mais surprise, entre les deux promis c’est le coup de foudre ! Le film se fendrait-il donc d’une sempiternelle histoire d’amour comme on nous en sert trop souvent au cinéma ? Et bien non. Les deux réalisateurs font intervenir, en la personne d’Emily, l’élément perturbateur qui entraînera le jeune Victor six pieds sous terre. Littéralement.
En effet notre héros se retrouve par mégarde marié à cette dernière, qui malgré sa joie de vivre incontestable n’en reste pas moins décédée entraînant à son insu le jeune innocent dans le monde des morts. Victor va donc essayer de se dépêtrer de ce triangle amoureux, non sans difficultés et tiraillements intérieurs.
Ne vous fiez donc pas à son côté « fleur bleue », car Noces Funèbres élabore aussi une vision cynique de la société et subversive propre aux films de Burton. On nous dépeint un monde des morts à faire pâlir de jalousie les vivants : les défunts préférant une vie de débauche plutôt que de manger les pissenlits par la racine. À travers ce film, Burton se risque une fois de plus à un sujet sombre qu’il dédramatise grâce à son humour grinçant et à une musique finement orchestrée, avec pour résultat un petit bijou qui s'offre à tous les âges.
Gazette Utopia

